Elle culmine dans les sondages pour le premier tour, mais n’a aucune réserve de voix pour le second. Par Patrick Fluckiger.
Et si Marine Le Pen gagnait la présidentielle ? Voilà des mois qu’on se pose la question, non seulement en France, mais aussi chez nos voisins européens. Les sondages ne la donnent-ils pas en tête de la course au premier tour ? Et certains hommes et femmes politiques n’en parlent-ils pas avec des trémolos (ou des sanglots) dans la voix ?
Passe pour les inquiétudes en Allemagne, où notre système électoral est inconnu et où c’est celui qui arrive en tête qui remporte la mise (à condition de pouvoir former une coalition majoritaire). Mais prétendre en France que Mme Le Pen est en mesure de gagner revient à prendre les électeurs pour des moutons dépourvus de toute culture politique. Et c’est loin d’être le cas. Marine Le Pen ne peut pas être élue, et voici pourquoi.
L’accès au 2e tour est possible mais pas acquis
Tout d’abord, et contrairement à tout ce qu’instillent les sondages, elle n’est pas encore au deuxième tour. Pour y accéder, il lui faudrait autour de 23-24%, ce qui représente au bas mot huit millions de voix. Or, le FN (père et fille réunis) n’a encore jamais passé la barre des sept millions (6,8 aux dernières régionales). Il n’a jamais atteint 18% à la présidentielle, même au 2e tour de 2002.
Le meilleur score présidentiel du FN est celui de Marine Le Pen en 2012 : 6,4 millions de voix et 17,90% : à peine un point de mieux que son père en 2002 (mais quand même 1,6 million de voix supplémentaires, car la participation a été plus élevée).
A 20 heures, au soir du 1er tour de 2012, les estimations donnaient Marine Le Pen à 20%, et les journaux imprimés avant 23 heures ont gardé ce chiffre à leur une. Au fur et à mesure que les résultats sont tombés, ce score-choc a fini par perdre plus de deux points. Evidemment le symbole du « raz-de-marée FN » en a pris un coup… Même si la différence n’est pas gigantesque, on fait moins peur aux électeurs avec un FN à 17,9% qu’avec un FN à 20%…
>> En vidéo – Programme de Marine Le Pen : les ruineuses incohérences